Someone to love, Someone like you.
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« Un, deux, trois, nous irons au bois. Quatre, cinq, six, cueillir des cerises. Sept, huit, neuf, dans mon panier neuf. Dix, onze, douze, elles seront toutes rouges » Une petite fille aux longues couettes attachées en haut de sa chevelure brune et un petit garçon au visage enfantin et plein de malice, jouaient à se taper frénétiquement dans les mains au rythme de la chansonnette. Ils étaient tous deux allongés dans l’herbe haute de la petite prairie non loin de chez eux, bordée d’une épaisse forêt et d’un ruisseau s’écoulant vers cette dernière. C’était leur petit coin fétiche, là où ils se retrouvaient après l’école ou lors des après-midis ensoleillés comme aujourd’hui. Ces deux petits jeunes se connaissaient depuis déjà plusieurs années, à vrai dire, dès leur entrée mutuelle à la maternelle. Deux petits solitaires qui s'étaient retrouvés enfermer dans leur classe à cause d'une maîtresse surmenée qui n'avait pas fait attention aux deux têtes blondes (ou brunes) qui se trouvaient dans le fond. Rien de bien malheureux, ils n'étaient restés qu'une dizaine de minutes à l'intérieur, une dizaine de minutes qui leur suffit pour devenir amis, les meilleurs amis de l'univers intergalactic, comme ils aiment si bien le dire. « Dis future maman Charleston, tu veux être mon amoureuse à moi ? » La petite fille, qui était occupée à faire passer une coccinelle de sa main gauche à sa main droite, releva les yeux vers son compagnon de jeu. Sur son visage, une moue songeuse s'afficha, ses petits traits se contractèrent, elle posa sa main sous son menton, comme le faisait très souvent son papa quand il est réfléchissait, sérieusement lui. « Et pourquoi ça serait pas ‘future maman Koperfield’ hein ? » Le garçonnet fronça les sourcils, contrarié, puis détendit son visage avant de répliquer en souriant « Bon bah d'accord » La demoiselle savait toujours s'y prendre pour le faire céder, même un seul regard suffisait pour qu'il adhère à sa cause. « Je veux bien être ton amoureuse alors! » Le visage des deux s'illuminèrent et la petite fille se pencha vers son ami et lui déposa un baiser sur la joue. Avant de se relever tout en tenant sa robe aux motifs fleuris pour ne pas marcher dessus. « Le dernier au fleuve est une poule mouillée! » Et la voilà, galopant et sautillant vers le fameux ruisseau, suivi de près par un jeune homme bien décidé à ne pas être une poule mouillée mais qui finissait toujours par la laisser gagner, soit en imitant une chute soit en prétextant avoir trop manger de gateaux au chocolat fourrés à la crême caramélisée, leurs gourmandises préférées à tout deux. Chose avérée, puisqu'elle arriva la première en brandissant un jonc comme trophée, jonc qu'elle offrit à l'arrivée de son petit amoureux en guise de compensiation au fait qu'il est une poule mouillée, mais une pouille mouillée adorable auquel elle tient énormément.



« Quoi ?! Non arrête, c’est une blague ! » Comme le redoutait la jeune femme, son ami prenait très mal ce qu'elle venait de lui annoncer. Pourtant, toute la nuit, elle a cogité sur la façon la plus appropriée de lui dire, devait-elle le faire relaxe ou plutôt tourné autours du pot jusqu'à ce qu'il devine par lui-même ? Et voilà qu'elle lui balançait la nouvelle avant même de lui avoir dit 'bonjour' ! « C'est quoi cette histoire ?! Ils ne peuvent pas te forcer de l'épouser, on est en démocratie bordel! » Tandis que son regard se baissait au sol, il lui attrapa la main et releva délicatement sa tête avec son autre main à lui « Tu ne vas pas l'épouser hein ? Tu ne l'aime pas ! » Cette exclamation lui parvint aux oreilles comme plutôt une question, une supplication peut-être, pourquoi cela le touchait tant ? Ils n'étaient qu'amis, une belle et longue amitié qui les liait, mais alors, peut-être que... Elle secoua la tête pour arrêter de pensée, elle devait être rationnelle pour une fois. « C'est plus compliqué et tu le sais, mes parents ont des soucis financiers et l'épouser leur permettra de garder le ranch, c'est tout. » Sa bouche se tordit légèrement, un vieux tic révélateur de son anxiété. « C'est tout ?! Mais merde, on parle d'un mariage là ! On parle d'un enfoiré qui sera ton mari, pour toujours ! » Il n'avait pas tord et elle le savait, mais c'était pour le bien de sa famille, et de toute façon, qu'est-ce que le mot mariage representait dans la société d'aujourd'hui ? Plus grand chose. Cela n'allait pas changer sa vie, elle sera toujours aussi libre (ou du moins pas plus qu'en ce moment), elle ne sera pas contrainte de lui 'offrir une progéniture', elle ne sera même pas obligée de l'aimer... Croit-elle. « Je t'en prie, ne complique pas les choses.. De plus, on est déjà fiancé lui et moi.. » Une nouvelle bombe qu'elle n'était pas scensée lui annoncer ainsi, putain! Elle enchainait bourde sur bourde, tellement qu'elle n'osait même plus, préférant attarder son regard sur son portable qui venait de vibrer, comblant ainsi le silence. « Je dois me rendre chez lui, avec mes parents on doit régler les derniers détails... » Alors qu'elle refourrait son portable dans sa poche de jean, le malaise la submergeait petit à petit, que pouvait-elle dire pour alléger la situation ? Rien, elle l'agraverait probablement. Il restait étrangement silencieux, ce qui la perturba, beaucoup trop ! Intérieurement, elle attendait qu'il réagisse, qui lui dise qu'il fera capoter le mariage, qu'ils s'enfuiront loin du Texas, comme dans un roman chevaleresque. Mais non, il ne disait rien, avait-il finit par s'y faire ? Ne se battra-t-il finalement pas pour elle ?

« Ne pars pas avec lui, s’il te plait ! »
« Pourquoi ? Donne moi une raison. »
« Parce que tu ne le veux pas. »
« Insuffisant... »
« Parce que je ne le veux pas. »
« Insuffisant... »
« Qu’y a-t-il d’autre ? »
« La vraie raison... je resterai exactement où je suis et ne monterai pas en voiture... Trois mots... Sept lettres, dis-les et je suis à toi. »
« Je... Je... »
« Merci. C’est tout ce que j’avais besoin d’entendre. »